Répondre aux idées reçues sur le TDAH

#14 – Répondre aux idées reçues sur le TDAH

Les idées reçues sur le TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec – ou sans – Hyperactivité) ont la peau dure, et nous font souvent nous sentir illégitime dans notre rôle de parent.

Le TDAH est une mode!
Il a été créé pour enrichir les laboratoires pharmaceutiques!
Vous droguez vos enfants pour qu’ils soient plus calmes, vous en faites des zombies!
Ma préférée: Il suffit de serrer la vis !

Cet article vous interessera certainement si:

  • Vous êtes concerné par le TDAH (vous même ou votre enfant) et vous souffrez des idées reçues à ce sujet,
  • L’un de vos proches est concerné par le TDAH, et vous souhaitez mieux comprendre ce trouble (dans ce cas, en complément de cet article, je vous invite à lire mon article Comprendre le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH)),
  • Vous êtes un sceptique intelligent et vous souhaitez éclaircir certaines informations sur le sujet du TDAH.

Pour vous éclairer je vous présente ici la formidable vidéo du Dr Jean-baptiste Alexanian, qui décrypte les idées reçues sur le TDAH, en s’appuyant sur des preuves scientifiques.

Lumière sur le Méthylphénidate

En introduction, j’aimerai préciser un terme qui va revenir plusieurs fois dans cet article: le Méthylphénidate.

Ce nom barbare désigne une famille de médicaments psychostimulant pouvant aider à diminuer les symptômes retrouvés dans le TDAH.

Il est plus connu sous les noms de : Ritaline, Quazim, Concerta et Medikinet

Le terme psychostimulant désigne une substance médicamenteuse qui stimule le fonctionnement du cerveau en augmentant ses capacités de vigilance, de contrôle et de concentration.

En France seul le méthylphénidate, qui est un psychostimulant de synthèse, est commercialisé.

Le méthylphénidate fait partie des plus anciens psychotropes (c’est-à-dire substance agissant sur le fonctionnement du cerveau). Il a été mis au point dans les années 1950. Il existe donc un recul important sur l’usage de ce médicament chez l’enfant.

Enfin, le méthylphénidate n’est prescrit qu’après une évaluation pluridisciplinaire et une indication scrupuleusement posée. Seul un médecin spécialiste (psychiatre ou neurologue) pourra prendre cette décision, si des mesures éducatives adaptées au domicile et un aménagement du cadre scolaire ont déjà été mis en place et ne suffisent pas.

>> Pour aller plus loin, je vous invite à lire le livret de présentation des médicaments psychostimulants réalisé par le Dr Dr Fanny GOLLIER-BRIANT, pédopsychiatre au CHU de Nantes

Dr Alexanian décrypte les idées reçues sur le TDAH

Dr Alexanian est psychiatre en Normandie.

Il explique et vulgarise des notions importantes de la psychiatrie sur sa sa chaîne YouTube (qui rassemble des vidéos réalisées pour l’association Fous de Normandie). Sa chaîne est une mine d’information, toutes avancées avec preuves scientifiques.

Le TDAH est une mode: FAUX 

Les premières descriptions cliniques datent du 18ème siècle.

Pour aller plus loin:

Voici une vidéo Dr Konofal spécialiste du sommeil au CHU Robert-Debré à Paris: https://youtu.be/1Iy134GoG3E

Et dans ce livre « Histoire illustrée de l’Hyperactivité: le TDAH et ses traitements au fil du temps » Dr Eric Konofal

Le TDAH a été créé par les laboratoires pharmaceutiques pour gagner de l’argent: FAUX

Dès le XIXe siècle, de nombreux traitements ont été recommandés chez ces enfants instables, agités sans attention ni concentration, notamment les vins toniques à base de quinquina ou de cola.

Un médicament dérivé du Méthylphénidate est utilisé depuis 1930 (sans soutien d’aucun laboratoire).

Par ailleurs, dans plusieurs Pays du monde (dont la France), il existe aujourd’hui un médicament générique, qui « n’enrichit plus » les laboratoires.

Nous droguons nos enfants: FAUX

A l’invers de la drogue, le Méthylphénidate ne provoque ni dépendance, ni accoutumance, ni sevrage.

Il est d’ailleurs recommandé de ne pas prendre le traitement pendant les week-ends ou les vacances scolaires.

Plus de détails dans cette vidéo:

Le diagnostic TDAH permet aux parents de déculpabiliser d’avoir des enfants aussi mal élevés: FAUX

Les études montrent que plus de 300 gènes ont été identifiés dans une douzaine de zones (clusters) de l’ADN.

Ce résultat prouve ainsi l’origine génétique du TDAH (ce qui explique pourquoi on retrouve souvent plusieurs enfants concernés par le TDAH dans une même famille).

Ainsi, et sauf magie, les parents ne peuvent pas agir sur l’ADN de leur enfant.

Par ailleurs, les plus grands spécialistes du TDAH s’accordent à dire que même les parents les plus bienveillants et investis peuvent avoir un enfant concerné par le TDAH. CQFD

Le diagnostic TDAH permet également de justifier le mauvais niveau scolaire des enfants: FAUX

Et pourtant…le TDAH n’influe pas sur les compétences intellectuelles. En effet, le test de QI chez une personne avec un TDAH est tout à fait normal, bien que le TDAH ne facilite pas la passation du test.

Par ailleurs, une étude menée aux aux Etats-Unis montre que le TDAH est le 2ème trouble le plus présent chez les étudiants en médecine, après les troubles anxieux et dépressifs.

La ritaline est sur-prescrite en France: FAUX

La France est le Pays développé qui prescrit le moins le Méthylphénidate.

Et malgré l’augmentation de prescription des dernières années, le France reste toujours en dernière position.

La ritaline

  • pousse au suicide, à la toxicomanie, et augmente le risque d’accidents de la vie
  • détruit le cœur et le cerveau, 
  • empêche l’enfant de grandir normalement
  • présente des risques de malformation des bébés si elle est prise par une femme enceinte

Différentes études prouvent le contraire.

Le Méthylphénidate réduit les risques de suicide et de toxicomanie chez les personnes concernées par le TDAH.

Il réduit également les risques d’accidents de la vie chez les adultes et les enfants.

Concernant les risques physiques, la notice se doit de noter ce type d’information pour se protéger de toute éventualité.

Il se peut donc que certains personnes qui prennent la ritaline soient concernées par ces effets indésirables, mais il s’agit d’un risque faible, et concernant une minorité.

Dans son livret de présentation des médicaments psychostimulants, le Dr Fanny GOLLIER-BRIANTV présente une liste des effets secondaires les plus souvent retrouvés chez les enfants:

Cette liste est indicative et incomplète, et ne remplace pas la lecture de la notice (RCP).

Dans plus de 10% des cas, on retrouve : des céphalées (maux de tête), des difficultés
d’endormissement, une augmentation de la nervosité.

Dans 1 à 10% des cas on retrouve :

  • des effets indésirables « généraux » : maux de ventre, hypertension artérielle et tachycardie, palpitations, sueurs, baisse de l’appétit (avec retentissement ou pas sur la croissance), soif, boutons, démangeaisons…
  • des effets indésirables « psychologiques » : baisse de moral, pleurs, effets paradoxaux (recrudescence agressivité et/ou agitation), hypersensibilité émotionnelle…

Dans 0.1 à 1% des cas on retrouve : un changement de personnalité, des idées suicidaires
ou des hallucinations…

Ces effets peuvent être impressionnants, mais il est important de garder en tête
qu’ils sont rares et en général complètement réversibles : ils disparaissent quelques heures
après l’arrêt du traitement.

La ritaline rend l’enfant zombie: FAUX

Au contraire, le Méthylphénidate augmente les capacités et la qualité des interactions sociales. Soit l’inverse d’être un zombie.

Il existe d’autres moyens plus efficaces que la prise de ritaline pour d’aider les enfants mal élevés, notamment en serrant la vis: FAUX

Les études prouvent que les prises en charge sont les plus concluantes lorsque les enfants (avec TDAH), sont aidés par la prise de Méthylphénidate. 

A noter: la prise d’un médicament n’est bien sûr pas obligatoire, et n’empêche pas non plus les autres prises en charges (au contraire, elle les facilite justement).

Par ailleurs: les professionnels du TDAH s’accordent sur le fait que les enfants avec TDAH sont beaucoup plus sensibles à l’éducation positive et aux récompenses.

A l’inverse, ils sont beaucoup moins réceptifs aux punitions et au fait de “serrer la vis”.

Le TDAH disparaît à 18 ans: FAUX

Le diagnostic du TDAH se fait également chez les personnes adultes.

Par ailleurs, de nombreux pays continuent de rembourser le Méthylphénidate chez les adultes avec TDAH.

Il s’agit même d’une recommandation de première intention dans la prise en charge du TDAH chez les adultes (la littérature scientifique est univoque à ce sujet).

Autres sources qui répondent aux idées reçues sur le TDAH

Le blog du Dr Louis Vera

http://www.drlouisvera.com/tdah-questions

En complément des idées présentées plus haut:

L’enfant TDAH est tout simplement paresseux : FAUX et un peu VRAI.

Non, l’enfant souffrant de trouble de l’attention n’est pas paresseux, il est fatigable. Imaginez un informaticien dont l’ordinateur s’éteindrait plusieurs fois par heure durant sa journée de travail et à qui l’on demanderait de coder un programme de retour à la maison, aurait il vraiment envie de lutter encore contre son ordinateur ? À son retour de l’école l’enfant souffrant de TDAH est fatigué psychiquement or, on lui demande de faire un effort mental pendant encore au moins une heure. Le traitement permet de diminuer cette fatigabilité.

Un peu, l’enfant ayant un TDAH peut devenir paresseux à force de constater que ses efforts ne sont pas récompensés par de bons résultats.

S’il peut jouer à la console ou regarder la télévision en restant concentré, alors il n’a pas de TDAH : FAUX.

Ces activités entraînent une stimulation cérébrale importante, le fait d’être concentré dessus n’est donc pas incompatible avec la présence d’un TDAH. N’oublions pas qu’il s’agit d’un dysfonctionnement attentionnel et non d’un déficit complet d’attention. L’attention de ces enfants est aussi stimulée lorsqu’ils assistent à un cours de leur matière préféré ou au cours d’un professeur qu’ils apprécient. En fait, l’attention peut varier en fonction des situations et de l’état émotionnel de l’individu.

Site de l’association TDAH France : le TDAH et l’école

L’association TDAH France Hyper Super répond également aux idées reçues dans son site Le TDAH et l’école.

https://www.tdahecole.fr/+-propose-+

Article du Monde – Troubles de l’attention : en finir avec les idées reçues

Enfin, Sandrine Cabut, journaliste pour le journal Le Monde, a publié un article extrêmement complet sur le sujet du TDAH.

L’article n’est malheureusement pas accessible dans sa version gratuite, mais je vous glisse quand même le lien ici: Troubles de l’attention : en finir avec les idées reçues

Cet article vous a plu?
N’hésitez pas à le partager pour aider un maximum de parents à mieux vivre avec le TDAH de leur enfant.

Prenez soin de vous!
Hérade

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4 réflexions sur “#14 – Répondre aux idées reçues sur le TDAH”

  1. Merci Herade pour ce partage. J’imagine combien il doit être difficile de recevoir de conseils ou d’être jugés par des personnes qui n’y connaissent rien. Je ne connais pas d’enfant qui souffre de ce trouble autour de moi, seulement un adulte qui m’a expliqué qu’il a souffert de cela plus jeune et qu’il a été sous médicament pratiquement toute son enfance (ainsi que son frère – je fais donc le lien avec la génétique dont tu parles). Il disait qu’il n’aurait pas réussi à poursuivre une scolarité normale sans ça. Il a arrêté son traitement vers ses 23 ans. Il lui est toujours difficile de rester concentré longtemps mais il a choisi un travail qui inclut beaucoup d’interactions et qui lui correspond.
    Je m’interroge sur une tendance globale à la difficulté de concentration chez les jeunes. Je le voyais nettement dans mon travail.
    Je m’interroge également sur l’évolution de la vision de la génétique. Les gènes évoluent en fonction du milieu. Je crois qu’on parle d’épigénétique. Il y aurait donc aussi de l’espoir de ce côté là. Mais je pense que c’est tout l’objet de ton travail pour que ces enfants puissent retrouver un équilibre et une stabilité.
    Bravo à toi

    1. Merci Fabienne pour ton retour !
      L’adulte dont tu parles à su adapter son environnement professionnel à ses spécificités ! C’est génial 🙂
      Je confirme que les jeunes ont de plus en plus de difficultés de concentration, sans pour autant parler de TDAH…
      Je garde espoir pour la suite 😁

  2. Ping : 7 étapes du deuil de l'enfant idéal: faire face à l'annonce du diagnostic

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